Les écologistes - juin 2024
Le MET' n°44
PFAS : la santé de la population est notre priorité
Les PFAS, un scandale sanitaire trop longtemps ignoré. Les PFAS, ce sont ces molécules qu’on retrouve partout dans notre vie et notre environnement à travers l’air, les aliments et l’eau de consommation, l’utilisation de différents produits et objets du quotidien. Elles sont largement utilisées depuis les années 1950 dans l’industrie et les produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, gaz réfrigérants, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, dispositifs médicaux, produits phytopharmaceutiques, etc.
Mais elles sont surtout un danger pour la population. Augmentation des risques de cancer, d’infertilité, effets sur le développement de l’embryon, et sur le système immunitaire… sont attestés par de très nombreuses études.
Les alertes ont été faites, le scandale des PFAS a éclaté aux États-Unis dans les années 1990 et a été révélé dans le film Dark Water en 2019. Plus récemment chez nous, il aura fallu attendre 2022 et les révélations journalistiques de la contamination sur le territoire de la Métropole pour qu’on commence à en parler.
Les mobilisations citoyennes, des collectivités et des collectifs ont trouvé bien peu d’échos. La politique du gouvernement se caractérise par le rejet, le recul, le renoncement ou l’inaction sur les questions climatiques, environnementales, sociales : un recul sur le plan phytosanitaire, une stratégie “Industrie verte” qui n’a de vert que le nom, un renoncement à la réforme Reach, et aucune interdiction de PFAS.
Il aura fallu attendre la proposition de loi des écologistes pour qu’une avancée significative vers la sortie des PFAS soit actée.
Une loi écologiste pour réduire l’exposition aux PFAS
Le 4 avril dernier, la proposition de loi portée par les écologistes pour interdire la vente et la fabrication de produits contenant des PFAS a été votée.
C’est une victoire significative et un premier pas important, même si on peut regretter que la coalition entre le gouvernement et la droite ait permis d’exclure les ustensiles de cuisine du cadre de la loi.
Ne nous trompons pas de priorité, la santé des populations doit primer et nous savons que les industries peuvent et savent s’adapter. L’avenir de ce secteur passe aussi par la transition écologique. Et elles sont nombreuses à avoir déjà emprunté ce chemin.
Chaque délai est du temps perdu contre la contamination de notre eau, nos sols, de l’air et de nos corps. 99 % voire 100 % de la population est concernée.
L’application du principe de pollueur-payeur, avec l’imposition d’une taxe sur les industriels responsables du rejet de PFAS pour travailler et financer la dépollution de l’eau et des sols, va dans le bon sens.
Impactée, la Métropole adopte des actions politiques fortes
Dévoilée en 2022, la pollution aux PFAS sur notre territoire est bien présente. L’un des derniers rapports de l’Agence régionale de santé révèle que plus de 150 000 personnes dans le Rhône consomment de l’eau contaminée.
Dès le printemps 2022, la Métropole et sa majorité écologiste et de gauche ont engagé une série d’actions pour protéger sa population avec 3 axes stratégiques.
Réduire les risques au plus vite
Avec les actions de surveillance, de suivi de la pollution, mais aussi de dépollution, notamment pour l’eau potable, et un plan micropolluants pour accompagner la transformation des procédés industriels. Des produits de substitution, des traitements existent, il faut les mettre en place.
Connaître mieux les effets et l’ampleur des pollutions
Notre partenariat avec l’Institut écocitoyen de Fos-sur-Mer, le cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes, les Hospices civils de Lyon, le Centre Léon-Bérard, Atmo et la régie Eau publique du Grand Lyon va nous permettre de mieux comprendre les causes et impacts de ces pollutions sur l’environnement et donc d’agir de façon encore plus concrète.
Établir les responsabilités et obtenir le principe pollueur-payeur
C’est toute la démarche de l’assignation en justice contre les groupes Arkema et Daikin. L’objectif est d’obtenir qu’un juge nomme des experts chargés de déterminer l’éventuelle responsabilité d’Arkema et de Daikin dans la pollution générée. Et si cette dernière est avérée, de caractériser leur responsabilité financière.
La facture et le surcoût du système de filtration pour l’eau potable ne doivent pas être supportés par la population.
La priorité des écologistes reste la santé de toutes et tous. Nous n’accepterons pas le profit au détriment du bien-être de la population et des salariés d’entreprise. Et nous savons, car nous le voyons tous les jours, que cela est possible. De nombreux industriels ont conscience de leur responsabilité et changent de modèle.
Nous espérons, au moment où nous écrivons ces lignes, que l’audience du 28 mai pour le référé expertise se sera conclue positivement par la nomination d’experts. Nous espérons que le Sénat aura fait preuve de la même responsabilité que l’Assemblée nationale en votant, sans l’édulcorer, la proposition de loi sur l’interdiction des PFAS reprise et inscrite par les écologistes le 30 mai.
L’écologie est fondamentalement un projet social, un projet de protection, de vivre ensemble. Ces décisions et avancées en seraient l’expression concrète que nous attendons.
→ https://lesecologistesgrandlyon.com/
Les Écologistes (Vinciane BRUNEL et Benjamin BADOUARD, coprésident·e du groupe Les Écologistes)