Progressistes et républicains - mars 2024

Le MET' n°41

On ne crée plus, on recycle

En janvier dernier, nous étions nombreux à regretter la mise en liquidation judiciaire de l’association du Village des Créateurs victime après la crise du Covid du désengagement progressif de la Région et de la Métropole depuis 2021. Cette équipe qui animait depuis plus de 20 ans le passage Thiaffait était pourtant un acteur central de la redynamisation du secteur. Ce projet fut d’ailleurs un marqueur fort du premier mandat de Gérard Collomb. Il a participé à la transformation de ce quartier avec un impact avéré et reconnu sur le développement des entreprises et leur essaimage dans les locaux autrefois vacants des pentes de la Croix-Rousse.

Un an après la chronique d’une mort annoncée, la majorité écologiste présente donc son projet « dédié à l’entrepreneuriat textile circulaire et solidaire ». Désormais, on ne crée plus au passage Thiaffait, on recycle : exit le soutien aux jeunes créateurs, exit l’aide à la professionnalisation, exit la mode et l’artisanat, exit la valorisation du patrimoine humain et culturel de ce quartier et son histoire. Alors que le Village des Créateurs était devenu une pépinière pour créateurs et designers avec près de 500 talents accompagnés pendant deux décennies, le nouveau projet métropolitain abandonne tous les enjeux liés à la professionnalisation de ce secteur.

Certes l’un des enjeux majeurs de la mode est la réduction de son impact environnemental. Mais si l’on veut réellement changer cette industrie et avoir un impact sur la consommation et la pollution de l’eau, la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre qu’elle génère, il faut d’abord former ceux qui en seront les acteurs demain. Refuser de prendre en compte l’existant et construire un projet en dehors des réalités de l’industrie de la mode flatte certainement une certaine partie de l’électorat de cette majorité écologiste. Mais cela n’aura aucun impact réel sur la grande majorité des consommateurs. Le risque de ce projet c’est de voir cette dynamique créative insufflée depuis 20 ans s’éteindre et avec elle, tout un quartier en plein épanouissement retrouver ses rideaux fermés.

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